Le pitch (dans ta potche)
Egizia est un jeu pour 2 à 4 joueurs de 12 ans et plus, jouable en 60 à 90 minutes.
Dans Egizia, vous incarnez un architecte de l’Egypte antique. A la tête de vos équipes de construction, vous devrez contribuer à la construction de monuments majeurs de l’Egypte des pharaons : l’obélisque, la pyramide, le temple, des tombes secrètes et le Sphynx.
Il faudra vous battre face aux autres joueurs pour être celui qui apportera la contribution majeure à ces chantiers, en veillant au grain à être toujours en bonne position pour construire, à garder un rythme élevé de production de pierres, et à avoir assez de nourriture pour répondre aux besoins des estomacs de vos pauvres ouvriers qui triment en plein désert à 50°C en pagne et sans engin Caterpillar pour les aider.
Petite histoire
Ce jeu est plus vieux qu’il n’y paraît. Avant d’être édité par les Nancéens de chez Iello en 2011, il était sorti en 2009 chez Hans Im Glück, célèbre éditeur allemand. A sa sortie à la grand messe ludique d’Essen, en Allemagne, il s’était taillé une solide réputation, et les puristes Français que la langue de Goethe ne rebute pas avaient déjà essaimé la bonne parole de ce côté-ci du Rhin. Deux ans plus tard, voilà donc que Iello s’est attaqué à sa traduction officielle, son édition et sa distribution en France. Premier bon signe déjà quant à sa probable qualité.
Déballage et contemplation
Dans une boîte d’Egizia, vous trouverez :
- 1 plateau de jeu
- 85 cartes format mini-Euro (44×66, façon Aventuriers du Rail, Tobago, Endeavor…), dont 29 cartes Sphynx et 56 cartes Nil
- 20 tuiles tombes (dont 12 utiles par partie)
- 1 jeton de crue du Nil
Et pour chacun des 4 joueurs :
- 8 bateaux et 24 pierres
- 3 jetons équipe de construction + 1 jeton équipe joker
- 1 carte Carrière et 1 carte Blé de départ
- 1 tableau de bord
Ne tournons pas autour du pot, le matériel est très joli et de très bonne facture. La tâche est certes toujours plus facile quand il s’agit d’une « simple » réédition/traduction, mais ça n’est pas une raison pour ne pas le signaler. Les illustrations de Franz Vohwinkel (Asara, 6 qui prend, Amun Rê, Finca, Catane éd. 2006…) sont splendides. Le plateau est très clair dans tous les sens du terme. Les petits bateaux et les meeples « pierre » aident à rentrer dans le thème. L’ergonomie est très bonne et la pictographie intuitive vous épargnera les inhérents allers-retours avec la règle en cours de partie.
Soyons sérieux : jouons
Le déroulement du jeu est très simple. Egizia se joue en 5 tours. Durant ces cinq tours, on réalisera à la suite 7 phases :
1) Poser les cartes le long du Nil
Elles apportent des bonus intéressants, tantôt permanents, tantôt utilisables une seule fois par partie, ou par tour. Elles peuvent par exemple, en vrac, augmenter votre production de pierres, combiner des équipes de construction ou placer vos bateaux d’une façon peu orthodoxe. On en place 10 nouvelles (peu importe que les précédentes aient toutes été prises !) à chaque nouveau tour sur les cases de la rive gauche du Nil. Suivant le tour du jeu, elles ne proviennent pas du même tas, et ont donc des effets de plus en plus puissants au fil du jeu, augmentant la tension de la partie.
2) Placer nos bateaux sur le Nil
Au-delà de son élégante représentation thématique, le « Nil » est en fait une piste faite de cases à placement unidirectionnel, au même titre qu’un Caylus : on ne peut pas « revenir en arrière » et se placer en amont d’une position précédente. On va donc à tour de rôle placer un de ses bateaux sur les cases qui nous intéressent. Il peut être placé :
- sur une des cartes Nil, auquel cas, on prend la carte et on applique l’effet bonus en suivant les modalités d’activation inscrites dessus ;
- sur une des cases rondes, permettant d’améliorer la force de nos équipes de construction. Plus elles sont fortes, plus elles pourront apporter de pierres sur un chantier par tour, mais plus elles seront gourmande en terme de blé. L’une de ces cases permet également de contrôler le niveau de crue du Nil (on y reviendra plus bas, durant la phase de nourriture) ;
- sur un des chantiers majeurs pour apporter sa pierre à l’édifice (et sans jeu de mot), mais attention, les places sont limitées sur les chantiers !
Il faudra donc savoir prendre des risques, quand accélérer (pour vite prendre une position intéressante) et quand prendre son temps !
3) Nourrir nos ouvriers
- si vous en avez assez ou plus, rien ne se passe et tout le monde est content ;
- sinon, vous perdez des points de victoire pour chaque blé manquant suivant un ratio indiqué par votre position sur le marché du blé. L’idée est d’être au plus bas sur ce marché, pour avoir la pénalité la plus faible !
Ce qui est fourbe et bien fait thématiquement, c’est que tout vos champs de blé ne produisent pas forcément ce qu’ils devraient produire en théorie. Il y a trois types de champs suivant leur niveau par rapport au Nil :
- s’ils sont « verts« , ils seront toujours irrigués, et produiront le blé indiqué sur la carte ;
- s’ils sont « jaunes« , il faudra que le curseur de crue soit au niveau médian pour être irrigués et produire ;
- s’ils sont « rouges« , le curseur devra être placé au plus haut pour qu’ils soit irrigués et produisent.
Mais le souci, c’est que des joueurs pervers peuvent déplacer le curseur de crue ! … et rendre totalement inutile votre champ « rouge » qui se retrouverait asséché et ne produirait rien !
4) Produire des pierres
5) Construire les ouvrages
- le Sphynx : il permet de piocher autant de cartes d’objectifs secrets que de pierre que vous apportez. Ici, les pierres n’apportent rien d’autre que la pioche de ces précieuses cartes. Il faudra n’en garder qu’une, et les autres sont remisées dans la pioche, apportant autant de points de victoire que de cartes. Si les conditions mentionnées sur la carte que vous retenez sont remplies en fin de partie, vous gagnerez des points de victoire supplémentaires lors du décompte final !
- l’obélisque et les tombes : ici, c’est le système « normal » du cas général expliqué auparavant. En plus, vous pouvez améliorer votre position sur un des deux marché, soit celui du blé, soit celui de la pierre. Les tombes quant à elle, permettent de marquer des point supplémentaires en fin de partie en fonction de la somme des valeurs des tombes.
- le temple et la pyramide : à nouveau le système « normal », en respectant les lois de la gravité pour la construction. En effet, on ne peut poser une pierre que si elle est soutenue par des pierres inférieures. Précisons pour la pyramide qu’il y a un bonus à chaque fois qu’un étage est terminé. Le joueur majoritaire sur l’étage gagne alors un point de victoire supplémentaire par pierre présente à cet étage.
6) Calculer les bonus de contribution aux chantiers
A chaque fin de tour, on gagne des points bonus suivant que l’on ait participé à plus ou moins de chantier : 6 points pour 3 chantiers, 3 pour 2 chantiers, et 1 pour 1 seul chantier. Vous voyez donc tout l’intérêt de participer à un maximum de chantiers différents.
7) Déterminer l'ordre du prochain tour
Le système est très classique : l’ordre du tour suivant correspond à l’ordre croissant des scores à la fin du tour. Et pour se souvenir de notre position durant toute la durée du tour suivant, on prend un petite tuile numérotée.
Bilan
Vous aimerez si…
- …vous aimez le thème de l’Egypte antique, le thème étant ici clairement perceptible et très bien retranscrit ;
- …vous êtes/avez un groupe de joueurs moyennement pointus ;
- …vous recherchez un jeu aux règles épurées mais propices à la réflexion ;
- …vous êtes sensible au matériel élégant et de qualité.
Vous n’aimerez pas si…
- …vous êtes hostile à la moindre forme de hasard, fusse-t-il pourtant réduit, équitable et maîtrisable (ici, les cartes Nil et Sphynx) ;
- …vous recherchez un gros jeu de gestion d’ouvriers avec pléthore de paramètres à gérer ;
- …vous jouez avec une ou plusieurs personnes chroniquement victimes de réflexions interminables : chaque joueur peut se positionner sur un maximum de 8 actions par tour, à raison de 5 tours par partie, alors…
Du rab sur le web
- Egizia (c) Iello
- Tableau de bord
- Chantier du temple, de l’obélisque et de la pyramide
- Indicateur de crue du Nil
- Placement des bateaux
30 novembre 2011
Voilà un bien bel article sur « Egizia ». Clair concis qui donne envie.
Donc à tester au prochain Ludopoly ^^
2 décembre 2011
Excellent article, j’aime le coté historique et la section « vous aimerez si » ! Concernant le jeu j’ajouterai qu’il est très proche de L’âge de Pierre sur la réalisation/dessin et on retrouve quelques similitudes de fonds mais les jeux n’ont rien à voir.
2 décembre 2011
La remarque sur le parallèle avec l’Âge de Pierre est tout à fait pertinente, au moins sur la question des similitude sur le fond (par contre, pour ce qui est du design, je vois pas trop ^^).