Descendance est un jeu d’Inka et Markus Brand pour 2 à 4 joueurs de 12 ans et plus, jouable en 75 à 90 minutes. Dernier…descendant d’Eggertspiele et Pegasus Spiele outre-Rhin, Gigamic lui a fait franchir la frontière et l’a d’abord présenté en avant-première au dernier Festival International du Jeu à Cannes où il a déjà fait des vagues, avant de le rendre officiellement disponible en Français dans toutes les bonnes boutiques depuis la fin du mois de février.
Dans Descendance, vous incarnez sur plusieurs générations les membres d’une famille dans un village médiéval (que l’on supposera allemand…). Faute de Rolex à cette époque, le prestige d’une famille se mesurait à l’empreinte qu’elle laissait derrière elle dans la vie du village, que ce soit en s’engageant dans les ordres, en embrassant la politique, en marchandant, en travaillant manuellement en bon artisan qui se respecte, ou en explorant les contrées environnantes. Plus ils agissent, plus vos personnages vieillissent, se rapprochent de la mort et il faudra alors leur assurer une bonne place dans les archives du village.
Le village des loups-garous descendants ?
Comme d’autres, vous attendiez depuis plusieurs mois la sortie du jeu « Le Village » avant qu’il ne disparaisse des écrans radars pour réapparaître sous le nom « Descendance« . Il s’agit bien du même jeu et ça n’est qu’un simple changement de nom. La cause en est toute simple : le célèbre jeu des Loups-Garous de Thiercelieux de Philippe des Palières a connu une extension s’appelant en français « Le village », et suite à sa demande il a fallu que Gigamic renomme le jeu (initialement appelé « Das Dorf » en allemand par Eggertspiele et Pegasus Spiele, soit littéralement « le village » en français) pour éviter tout malentendu. Rien de bien méchant…cela dit, mettez ces deux jeux côte à côte et on vous met au défi de réussir à les confondre…
C’est la fête (des yeux) au village
Si le matériel est assez classique (meeples des villageois, tuiles épaisses et cubes 8mm en six couleurs), c’est surtout visuellement que Descendance en impose grâce à l’excellent travail de Dennis Lohausen qui, hasard des calendriers, a déjà officié sur Hawaï que nous chroniquions tout récemment. Le plateau central représente le village et les contrées environnantes que vous pourrez explorer si l’envie vous prend, et chaque joueur dispose d’un petit plateau personnel représentant la ferme familiale, et le trait colle parfaitement à l’état d’esprit dénué de velléités belliqueuses ou impérieuses que l’on rencontre régulièrement dans pareille production. Si compétition il y aura en cours de partie, bien évidemment, l’ensemble inspire l’apaisement où « chacun fait son petit bout de chemin au village » sans avoir (trop) honte de son parcours en fin de partie en dépit du verdict numérique du décompte final. Pour finir, le travail d’illustration est très bien conçu puisqu’il inclut très élégamment et discrètement de précieuses aides de jeux exhaustives, à la manière d’un De Vulgari Eloquentia qui se classe très haut dans ce « classement honorifique des plateaux très bien conçus en aides de jeu ET très jolis« . Sous vos yeux ébahis, petite déclaration de patrimoine de Descendance :
Contenu d'une boîte de Descendance
- 72 cubes d’Influence (18 en 4 couleurs)
- 2 sacs en tissus
- 40 tuiles marchandises (8 de 5 marchandises)
- 24 tuiles clients
- 20 sac de blé
- 1 marqueur « premier joueur »
- 1 marqueur « futur premier joueur »
- 1 plateau de jeu
- 1 règle de jeu
- Pour chacun des quatre joueurs :
- 11 meeples de famille
- 1 mini-plateau ferme
- 8 disques
Règles de vie au village
Le principe moteur de Descendance est le temps. Chaque joueur va incarner une famille qui évoluera sur plusieurs générations, les joueurs débutant la partie avec quatre personnages de la première génération (le numéro de la génération est rappelé par un sticker collé sur chaque meeple). La plupart des actions vous coûteront du temps, symbolisé par des sabliers. Sur votre plateau personnel représentant votre ferme, une piste de dix sabliers fait le tour. A chaque « tour d’horloge », un de vos personnages parmi les plus vieux doit mourir : un meeple de seconde génération ne peut mourir s’il reste encore en jeu un meeple plus vieux, de première génération dans cet exemple ! Comble de la fourberie du couple d’auteurs (à la ville comme à la table de jeu), ce sont les actions les plus intéressantes qui nécessitent de placer un meeple en jeu sur la partie du plateau/village pour profiter de cette action, ou évoluer au sein de la carrière que la zone symbolise. Il faudra donc vous résoudre à faire un jour ou l’autre mourir vos meeples « stratégiques » tout en essayant de la jouer suffisamment finement pour qu’ils accomplissent leur œuvre le plus longtemps possible. A leur mort, les meeples peuvent rejoindre le livre des archives s’ils ont embrassé une carrière prestigieuse qui leur ouvrent ce droit (voir plus bas), ou reposer anonymement dans le cimetière du village, derrière l’église, avec les corbeaux…S’ils lorgnent sur le livre des archives, il vous faudra donc faire attention à ne pas passer l’arme à gauche trop tard et que toutes les places d’honneurs aient été déjà prises.
La structure d’un tour est on ne plus simple : chaque joueur en commençant par le premier et en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre dispose d’une action à faire. Il doit prendre un cube sur le plateau parmi ceux placés en début de phase et, s’il le peut, faire l’action associée au pool duquel il a pris le cube parmi les très nombreuses actions existantes. Parmi les cubes, les cubes noirs représentent la peste, et feront immédiatement vieillir votre famille de deux sabliers supplémentaires. A la fin de la phase, lorsque plus aucun cube ne peut être pris, on fait les décomptes intermédiaires, la phase de messe, on réapprovisionne les cubes sur le plateau, et on est reparti pour une nouvelle manche jusqu’à ce que le cimetière et/ou le livre des archives soient remplis. Le précieux livre des archives vous rapportera en fin de partie des points proportionnellement au nombre de meeples que vous y aurez placé (de 4 points pour 3 meeples à 12 points pour 5)
5e sablier : l’heure du petit (cube) jaune au soleil sur la place du village
Gigamic met très gracieusement à disposition des joueurs le livret de règles de Descendance en PDF. Mais comme d’habitude chez Ludopoly, on gatte les plus curieux d’entre vous en vous présentant dans les grandes lignes les axes stratégiques majeurs qui vous attendent dans le jeu. Libre à vous de sauter directement au paragraphe suivant pour savoir immédiatement ce qu’on pense de Descendance !
Descendance, c’est transcendant
Descendance souhaite nous faire vivre la vie d’une famille sur plusieurs générations. Si l’on conçoit la vie comme une arborescence dont chaque croisement serait une décision qui nous ancrera dans une voie existentielle, alors Descendance réussit parfaitement son pari ! Les possibilités qui s’offrent à nous sont très nombreuses, et leurs combinaisons presque infinies. Au cours des différentes parties réalisées avec une certaine rotation de joueurs et/ou de stratégies (parfois extrêmes !), il a été absolument impressionnant de constater combien la richesse de choix n’est vraiment pas illusoire. Servi par un équilibrage irréprochable des carrières et des points de victoire qui leur sont inhérents, Descendance a le bon goût de parvenir à cacher l’aspect purement comptable qui sous-tend chaque décision pendant quasiment toute la partie (à l’inévitable exception des tous derniers tours). A l’inverse d’un Hawaï (justement récemment chroniqué) où la configuration variable du plateau modifie l’intérêt de chaque voie d’une partie à l’autre et peut créer des différences sensibles entre joueurs selon leur aptitude à évaluer chaque situation, la configuration semi-fixe de Descendance (où seuls la nature/couleur des cubes change au fil des phases et des parties) permet d’homogénéiser le rendement des parcours de chacun et ménager la susceptibilité de vos amis les moins « cubophiles ». Sans aller jusqu’à dire que ce seul point confère à Descendance une connotation familiale, il faut bien admettre que sa grande accessibilité, son graphisme élégant et consensuel ainsi que son thème pacifique vous aideront à sortir plus souvent qu’à l’accoutumée une « grosse boîte » ! Reposant sur des bases saines : règles simples soutenues par le thème, mécanismes essentiellement classiques (pour ne pas dérouter) et petite touche d’innovation rafraichissante avec la gestion du temps et du vieillissement, Descendance dispose de nombreuses munitions pour réunir autour d’une même table toute votre descendance et le reste du village avec.
Du rab sur le web
Enfin, on ne pouvait pas parler de Descendance sans parler du très joli et très riche site internet du couple d’auteurs Brand (exclusivement en allemand) où l’on peut suivre leur actualité ludique. Pouvoir jouer en couple est déjà une chance, mais alors créer des jeux en couple…
29 septembre 2012
bonjour, concernant le jeu descendance, lors d’une partie a 3 joueurs A B C, le joueur A termine la parie les joueurs B et C terminent une dernière action, si l’un d’eux décide de faire l’action marché, est ce que le joueur A peut y participer?
merci de votre réponse.
cdt nathalie girard
30 septembre 2012
Bonjour,
D’après les règles et aussi la manière dont on joue en club, le joueur A ne peut plus choisir d’action finale mais il est toujours dans la partie, il peut donc prendre part à l’action marché et grapiller les quelques points qu’il lui manque pour griller quelqu’un au poteau XD. Encore une partie qui c’est joué à quelques points ? 😉